Ca chie des bulles !
J’ai fait lire quelques pages, pas plus de trois ou quatre, de mon récit
autobiographique, “Par la bande”,
à une cinéaste de ma connaissance, Anne-Marie L…
Un film, dont j’étais le sujet, devait voir le jour, tourné par
elle… Hélas, hélas, hélas… Le projet avorte. La raison ? A la lecture de
ces pages de mon autobiographie, AML semble avoir paniqué, (il n’y avait
pourtant pas de quoi et je les publierai sur ce site ultérieurement). Nous
avons été voisines, elle et moi, vers le milieu des années 90, lorsque, au
fond du trou, cocue, vaincue, battue, rompue, perdue, ruinée, j’ai habité
dans le 20e arrondissement, rue Vitruve. Son voisinage fut à la fois positif
et négatif, et, lorsque quelques années plus tard, alors que j’avais réussi
à me reconstruire et reconstruire ma vie sur de meilleures bases, AML s’est
à nouveau manifestée, je n’ai pas refusé la main qu’elle me tendait. Sans
doute ai-je manqué de prudence, je savais la dame mauvaise langue et pas
toujours franche du collier mais j’étais décidée à “tourner la page” comme on dit.
L’idée d’un petit film sur mon travail et quelques séquences représentatives
de ma – difficile – vie d’artiste (expo, festival d’Angoul’men, séances de
travail sur l’ordinateur…) est venue. Tout allait bien ou presque.
Un projet de publier le DVD du film en même temps que le récit
autobiographique a ensuite émergé. Hélas, mon éditeur, après avoir visionné
l’objet, donna un avis négatif. Ce sont les risques du métier d’auteur.
SCANDALE ! La cinéaste ulcérée lui adressa aussitôt une lettre dans
laquelle… elle m’assassinait, moi ! En substance : – Vous refusez mon film
mais vous allez publier un merde immonde… “N’est pas Hervé Bazin qui
veut” sic, CM m’a fait lire son livre (3 pages !!!) c’est inepte… Etc,
etc…
Mon éditeur, sidéré et loyal, me fit passer cette lettre atterrante.
Comment est-il possible qu’une femme, qui se dit cinéaste, de gauche,
féministe, écrive des choses pareilles sur une autre artiste, cherchant à la
casser auprès de son éditeur/employeur. Je n’ai toujours pas compris.
La peur de ce que je pourrais écrire sur mon passage rue Vitruve et sur le
comportement de certaines personnes à mon égard ? Mais mon récit n’a pas pour vocation d’être un règlement de compte, même s’il n’est pas question de
censurer le réel ni de l’euphémiser. J’ai vécu ce que j’ai vécu dans une
société ou les femmes artistes sont assez systématiquement traitées de
“folles” et stygmatisées, ostracisées, victimisées. C’est un fait dont
pourrait témoigner la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin, présidente de la
délégation aux droits des femmes… Avant l’été et les vacances, cette
dame a auditionné de nombreuses femmes artistes ou actrices culturelles à
des postes divers. Ce qui est ressorti de ces auditions s’avère un peu
“effrayant, effarant”. C’est madame Gonthier elle même qui nous a fait part
de son émotion, de son effroi même, lors d’un déjeuner de presse en juillet.
“La délégation du Sénat aux droits des femmes et à l’égalité des chances
entre les hommes et les femmes a choisi, cette année, de travailler sur le thème
« Femmes dans le secteur de la Culture ». L’ampleur des inégalités et la spécificité
des formes de déni que subissent les femmes dans un secteur qu’on aurait pu
croire à l’avant-garde dans le maniement des représentations ont convaincu
la délégation de consacrer ses travaux à faire progresser la place des
femmes dans la culture.” Mais qu’attendre d’une société ou une femme est
violée toutes les 8 minutes et une autre assassinée toutes les 48h ?
Pas question donc, pour moi de censurer les violences de toutes sortes que j’ai
subies (certaines venant d’autres femmes, hélas), mais il sera surtout
question de création et d’expériences éditoriales, (revue Ah ! Nana, femmes et
bd…) et politiques (dessins de presse)…
Bien sûr, le projet du film est enterré et c’est dommage, à mes yeux il avait
beaucoup de qualités et je n’étais pas tout à fait d’accord avec mon éditeur
même si certaines de ses critiques me semblent justes. J’ai une grande
confiance en Thierry Groensteen et en son honnêteté intellectuelle, nous nous
connaissons depuis la fin des années 70 et il me soutient désormais avec
beaucoup de constance, (je sais que ce n’est pas toujours facile, je n’ai
pas que des amis !)
Actuellement, je suis quasi quotidiennement couverte de lettres d’insultes par
Anne-Marie L. qui se répand en médisances et s’emploie à me couvrir de boue
partout ou elle passe.
Dans son dernier mel voici ce qu’elle m’écrit : “ tu es
connue comme la folle victime et salope des service… plus besoin de venir
à Marseille… ou ailleurs d’ailleurs ta réputation est faite !”
(elle montait le film dans une structure Marseillaise…).
Quel style, non ?
Ma réputation… Bah !.. Comme le chantait si bien Brassens :
“Au village sans prétention
J’ai mauvaise réputation.
Que je me démène ou que je reste coi
Je passe pour un je-ne-sais-quoi !
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux,
Non les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux,
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi.”
Tout comme Brassens, je laisse “les braves gens médirent” et passe mon
chemin… Les chiens aboient, les hyènes ricanent, ma petite caravane passe !
Mais que tout ça est donc triste.