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Chantal Montellier

Subjectivité :

J’ai vu "Persépolis" (le film), dans un cinéma plutôt rempli. Tant mieux !

Je l’ai trouvé émouvant et bien fabriqué. Autant les images-papier m’étaient rapidement tombées des yeux, autant l’animation est prenante. Bravo à l’équipe ! Beau boulot.

Il y aurait sûrement beaucoup à dire sur l’aspect historique et politique de cette histoire, mais, à l’heure ou j’écris ces lignes, c’est finalement l’image de la mère de l’héroïne qui s’impose à moi. Que penser de cette mère-là ? (et de ce père), qui pousse une aussi jeune fille loin des siens, de leur protection, de leur amour nécessaire, au nom du refus d’un système, certes terriblement aliénant, dangereux, meurtrier, mais qui ne mérite sans doute au fond qu’une seule chose : être combattu de l’intérieur.

Comment cette mère-là imagine t-elle l’Europe, la France ? Comme autant de paradis ? Ici, une femme tombe tout les 2 ou 3 jours sous les coups de son conjoint, combien sous les coups d’un non conjoint ? (rapport récent d’Amnesty International, chiffres fournis par la police).

Pubs racoleuses, prostitution, gang bang, téléphone rose, Interpanet… L’esclavage sexuel est partout, sa dénonciation nulle part. Ici, "ils" ont appris la discrétion et sont bien rasé.

Pour en revenir aux images, ce qui me gène dans le travail de création de cette auteure, c’est l’écart entre le fond et la forme.

Récit et contenu assez intenses et matures d’un côté, forme schématique et mécanique qui les réduit, les banalise, les infantilise et comme on sait, dans le monde euphémisant des livres d’enfants, rien n’est vraiment grave, même le pire.

Il me semble aussi, je ne sais trop par quelles bizarres associations visuelles, me retrouver dans le monde un peu étriqué et confiné de David B. alors que l’univers de Marjane S. est plus vaste, ouvert sur le monde extérieur… Bizarre comme impression !

Alors ? Marjane Satrapi, bientôt un roman ?

C.M.