« Le train est, paraît-il, le symbole de la vie collective, de la vie sociale, du destin qui nous emporte. Il évoque le véhicule de l’évolution que nous prenons dans la bonne ou la mauvaise direction, ou que nous manquons ; il signe une évolution psychique, une prise de conscience qui nous entraîne vers une nouvelle vie…
Aux alentours de 1996, j’ai été amenée à animer des ateliers d’écriture. Les publics étaient à chaque fois différents : étudiants des Beaux Arts d’Epinal, élèves architectes de Rennes, habitants d’un quartier en difficulté de Nancy, détenus de la maison d’arrêt de Laval… Et à chaque série d’interventions a correspondu une publication, qui compta autant pour moi que mes travaux en solitaire. C’est en me rendant, toujours en train, à ces rencontres, que ce livre est né.
Souvent distraites de mes pensées, des mes écritures et de mes lectures par les conversations à haute voix de mes voisins de compartiment, j’ai fini par en prendre note. D’abord par jeu, ensuite par véritable intérêt “professionnel”. Au fil du temps, ma curiosité s’est aiguisée et je suis devenue de plus en plus friande de ces dialogues ferrovières, souvent hauts en couleur. L’imagination a fait le reste.
Ma motivation était d’autant plus forte que le thème du train et sa symbolique m’ont toujours hantée. Innombrables sont mes rêves ayant des gares et des chemis de fer pour cadre. Et chaque fois, j’y suis à la recherche du bon train, du bon quai, du bon compartiment, de la bonne place que je ne trouve, hélas, jamais. »
C.M.
Editions Les Impressions Nouvelles – janvier 2005
Préface de Jean-Bernard Pouy
Dans la presse :
Le train a la particularité et l’avantage d’opérer des déplacements (de plus en plus rapides) et de favoriser les rencontres, les conversations, les petits espionnages, les grands silences… Bref, des instants de vie collective condensée. La littérature et le cinéma ne se sont pas privés d’utiliser cet instrument métaphorique (au sens propre) par excellence.
L’originalité du recueil de Chantal Montellier réside dans sa double dimension : le réalisme savoureux des scènes de compartiments, des dialogues, des portraits, et l’onirisme confinant au fantastique des images littéraires et visuelles. L’immédiateté se mêle à l’imaginaire, comme si les désirs et les rêves des personnages ici croqués se réalisaient sur la page, en cauchemars non dénués d’humour. Jean-Bernard Pouy le suggère dans sa préface, et on le suit : Chantal Montellier, dessinatrice et écrivaine, est une vraie artiste.
J.-P. L. (avril 2005, Brèves littéraires)